DÉVELOPPEMENT TECHNIQUE DE L'INTERNET

Applications et Usages

Contexte international - Situation en France - Recommandations - Références

 

 

Contexte international

Applications et contenus déterminent les usages

Des applications toujours plus exigeantes

Depuis sa création dans les années 70, l'Internet s'est construit au fur et à mesure de la disponibilité des standards et a évolué au rythme des applications et des contenus qui l'utilisent :

Les applications audiovisuelles sont promises à un déploiement extrêmement rapide dans les années à venir. Consommant aujourd'hui de l'ordre de 2% de la bande passante de l'Internet, elles devraient compter selon le cabinet Datamonitor pour plus de 6% d'ici à 2003.

Répartition
du trafic Internet mondial par type d'applications selon Datamonitor
Répartition du trafic Internet mondial par type d'applications, selon Datamonitor

La part de bande passante occupée par les applications Web et audiovisuelles va donc continuer de s'accentuer. En termes de croissance du volume total d'informations transmises sur l'Internet, l'impact est spectaculaire : le volume de trafic Internet devrait dépasser le volume de trafic téléphonique dès l'an 2000 (à noter que le dépassement a déjà eu lieu pour les communications intercontinentales), et continuerait sa progression à un rythme de croissance de 1000% par an.

Prévisions
des trafics mondiaux comparés Internet et téléphonie
vocale, selon Datamonitor
Prévisions des trafics mondiaux comparés Internet et téléphonie vocale, selon Datamonitor

Ces chiffres, dont il faut retenir les ordres de grandeur, traduisent un besoin toujours plus marqué des applications pour une infrastructure réseau plus performante. Loin de s'inverser, cette tendance va encore s'accentuer dans les prochaines années avec la banalisation sur l'Internet d'applications très exigeantes envers l'infrastructure, comme par exemple la téléphonie, la vidéo-conférence, la diffusion ou la consommation à la demande de musique ou de films.

Ces dernières applications ne réclament pas seulement une augmentation de bande passante, mais une évolution significative des caractéristiques de l'Internet qui, initialement, n'a pas été prévu pour les supporter : en particulier la disponibilité du réseau, la gestion du temps et la garantie d'acheminement, notions souvent regroupées sous la dénomination qualité de service, doivent être prises en compte par les protocoles Internet. Les développements techniques correspondants sont en cours et il ne fait déjà aucun doute pour les analystes que, poussée par la demande, cette évolution aura lieu dans les toutes prochaines années. Par exemple, le cabinet Frost & Sullivan prévoit que les marchés mondiaux des services, des logiciels clients et des passerelles de téléphonie sur IP atteindront respectivement 1,8 G$, 90 M$ et 1,8 G$ à l'horizon 2001. Le rapport de Jean-Claude Merlin du Conseil Général des Technologies de l'Information, publié en octobre 1998, analyse les faits et les perspectives de la téléphonie sur IP.

Des contenus toujours plus diversifiés

Au début de l'Internet, les contenus étaient principalement dédiés à la recherche universitaire américaine puis mondiale (description des activités et des organisations, forums de discussion, archives de listes de diffusion, rapports de recherche, thèses, spécifications techniques, logiciels). L'introduction du Web a permis une explosion des contenus mesurable par la croissance exponentielle du nombre de machines connectées :

nombre d'hôtes Internet
Source: Network Wizards, Internet Domain Survey, janvier 1999

Les types de contenus se sont rapidement diversifiés :

La mise en ligne d'informations et de contenus était au départ motivée par un idéal de partage de l'information (période universitaire) puis par un souci de communication (le site Web participant à l'image de marque, le Web comme moyen d'échange), enfin par un désir de rentabilité (financement par la publicité, mise en place du commerce électronique) : les différents types de contenus coexistent toujours sur Internet, de même qu'y coexistent des modèles de communication basés sur la consultation volontaire des informations ou sur la diffusion de contenus (courriers électroniques, technologie "push", flux multimédia en direct). Cette richesse a fait le succès des "méta-contenus" tels que les annuaires, les moteurs de recherche et les portails.

Des usages toujours à inventer

Les usages que l'on peut faire de l'Internet sont essentiellement déterminés par les applications et les contenus disponibles, comme le montre l'histoire du World Wide Web, l'application majeure de l'Internet aujourd'hui : inventée par Tim Berners-Lee au CERN pour permettre le travail collaboratif entre physiciens en 1989, les spécifications et les premières implémentations développées permettaient aussi bien l'édition de documents que leur consultation. Le logiciel Mosaic qui a révélé le Web au monde entier en 1993 n'intégrait que la fonction de consultation (navigateur). Le résultat est qu'encore aujourd'hui, il est extrêmement aisé de consulter de l'information sur le Web mais toujours difficile d'en éditer le contenu. Pour le plus grand nombre, l'usage initial a été détourné du fait de la disponibilité sur le marché d'une application à succès, fruit de la recherche publique en informatique américaine (Mosaic a été créé au NCSA) et de la dynamique industrielle américaine (Mosaic a donné naissance à Netscape Communications Inc., et indirectement à une multitude d'autres sociétés de technologie).

L'analyse de l'histoire donne lieu à un constat et à une perspective :

Usages dans la recherche

Internet est stratégique dans - et pour - tous les domaines de la recherche, scientifique ou non : il sert un objectif déterminant de cette activité qui est la possibilité de rendre disponible et d'avoir accès à de l'information originale et récente. Le Web est né de ce besoin, puisqu'il s'agissait à l'origine du projet de partager de l'information dans la communauté des physiciens des hautes énergies.

En ce qui concerne le cas particulier de la recherche en sciences et technologies de l'information, en plus d'être un formidable outil de travail, l'Internet est un remarquable sujet d'études et un laboratoire d'expérimentation en grandeur réelle absolument unique.

Usages dans les entreprises

Le monde des entreprises s'est très vite approprié le Web pour un premier usage déterminant : la vitrine de communication. Une PME ou une grosse entreprise est instantanément devenue capable d'atteindre un très large public avec une très grande facilité. Comme il a été expliqué précédemment, c'est d'ailleurs cet usage qui a tiré le développement technique de l'Internet ces dernières années, et qui a conduit avec un pragmatisme très anglo-saxon à quasiment exclure tout développement qui n'aurait pas servi cet usage.

Le deuxième usage clé de l'Internet dans l'entreprise est dans son système interne d'information, dans la perspective d'une diminution substantielle de ses coûts de fonctionnement et d'un accroissement de sa réactivité. Bien que rencontrant de réelles difficultés de mise en oeuvre à la fois techniques et organisationnelles, les entreprises concèdent à cet usage des investissements considérables à travers le développement des Intranets (Internet à l'intérieur de l'entreprise) et Extranets (accès à l'Intranet depuis l'extérieur de l'entreprise). En permettant l'interfonctionnement des systèmes d'information des entreprises avec ceux de leurs partenaires et fournisseurs, le commerce électronique inter-entreprises favorise la fluidité et l'efficacité des échanges.

Le troisième usage stratégique de l'Internet pour l'entreprise concerne sa relation aux clients, et touche par là-même le coeur de sa mission : la génération du chiffre d'affaires (la vente) et sa pérennisation (le support client). Comme l'a souligné Francis Lorentz dans ses rapports remis au gouvernement en janvier 1998 et février 1999, le commerce électronique n'en est qu'à ses débuts. La tendance est inéluctable, la croissance forte, et cet usage est extrêmement porteur d'innovations et de changements dans toutes les dimensions de l'Internet : techniques, sociales et réglementaires.

A des degrés divers et des échéances diverses, les trois usages de l'Internet dans les entreprises vont rester dans les années à venir des moteurs primordiaux de croissance et d'innovation.

Usages dans les administrations

L'usage de l'Internet dans les administrations est comparable à celui des entreprises, avec la dimension commerciale en moins :

La communication externe, sous forme de kiosque d'information, poursuit un objectif similaire à celui du Web vitrine des entreprises : renseigner les administrés sur les services disponibles et sur les modalités d'accès à ces services.

Le système interne d'information de l'administration, comme celui de l'entreprise, tire parti des capacités étendues de communication interne (courrier, pages Web statiques, pages Web dynamiques à partir de bases d'informations...). Un décloisonnement des services est alors possible, avec un confort et une efficacité d'utilisation accrus pour les employés et une amélioration du service rendu pour les administrés. Les liaisons sécurisées inter-administrations ou inter-régionales d'une même administration participent de ce décloisonnement, à travers des techniques de type "Extranet". L'usage de mécanismes de téléprocédures entre les différents acteurs (administrations, organismes publics, entreprises, particuliers) est un important facteur d'efficacité et de réduction de coûts dans de nombreux domaines (santé, impôts...).

La relation personnalisée avec les administrés, critère essentiel de rapprochement entre l'État et le citoyen, gagne en dimensions grâce à l'usage des technologies Internet : la rencontre physique entre l'administré et le représentant de l'administration peut être prolongée par la relation réseau. Le service peut être rendu plus loin, jusque chez l'administré, et plus souvent. Grâce à l'avènement des techniques sécurisées (authentification réciproque, confidentialité des échanges...), la relation contractuelle va pouvoir se déployer par l'intermédiaire du réseau, ce qui se traduit en particulier par un gain de temps réutilisable, par exemple, pour la personnalisation de la relation.

Il faut également noter le caractère d'exemplarité de la relation de tout citoyen avec ses administrations, participant beaucoup à l'éducation d'un large public.

Usages dans l'éducation

Considéré à juste titre comme un vecteur pédagogique très important, l'Internet utilisé dans l'éducation participe à l'ouverture de l'école et l'université au monde extérieur. Tout d'abord par l'accès aux multiples informations de sources nationales et internationales qu'il permet, en particulier à des données de références et à de l'information d'actualité. Ensuite par le nouveau type de communications qu'il permet, de nature collaborative : forums, échanges entre écoles, relations entre élèves, partages entre enseignants... Enfin, le caractère interactif de ce média permet d'envisager de nombreuses possibilités de télé-enseignement (diffusion de cours, accès des élèves éloignés des matériels éducatifs, travail collaboratif...) pouvant avoir un impact positif sur l'aménagement du territoire et la réduction des coûts.

Par sa transversalité et son universalité, l'Internet a un impact potentiel très fort sur l'ensemble des méthodes utilisées et sur l'organisation même de la structure éducative.

Usages dans la culture

La numérisation de l'information est désormais systématique dans l'ensemble des activités culturelles (qu'il s'agisse de la numérisation des oeuvres artistiques elles-mêmes ou des supports de communication associés aux activités culturelles) : archiver et publier sur l'Internet peuvent alors accompagner naturellement l'ensemble de la vie culturelle et permettent ainsi de multiplier l'audience potentielle, aussi bien dans l'espace que dans le temps. Cette présence culturelle sur Internet (qui peut se faire à un coût marginal assez faible) est une opportunité pour rendre accessible une bonne partie du patrimoine culturel et faire largement connaître les initiatives dans le domaine.

L'enjeu majeur est alors d'éviter de laisser l'Internet devenir un outil d'homogénéisation et d'utiliser l'ensemble de ses possibilités pour valoriser les différences culturelles et démultiplier les initiatives locales.

Usages dans le grand public

L'ensemble des usages décrits ci-dessus ont une composante grand public, qu'il s'agisse des accès aux informations et services mis à disposition par les entreprises, les administrations ou les organismes culturels ou des communications et transactions permises par l'Internet. S'y ajoutent les usages de plus en plus nombreux de l'Internet par les médias traditionnels (presse et édition, audiovisuel) pour relayer et compléter leurs activités : en Amérique du Nord, une part croissante de la population équipée s'informe en premier lieu via l'Internet puis utilise en complément un autre média.

Par les navigations sur le Web, par la disponibilité des archives, par l'accès à l'information mondiale et par l'interactivité qu'il peut faciliter, l'Internet peut s'adapter aux rythmes et préférences de chacun, renouvelant ainsi potentiellement l'intérêt du public et autorisant une innovation en termes d'usages. Enfin, le domaine des loisirs, qu'il s'agisse de les organiser ou de les pratiquer en ligne, constitue à lui seul un formidable facteur de diffusion des techniques Internet, par la mise en relation qu'il permet entre passionnés d'un même domaine, par la disponibilité de jeux informatiques enrichis par l'interaction en-ligne, et par les forums thématiques disponibles...

Il faut toutefois noter que l'Internet reste parfois difficilement accessible pour certaines catégories de la population : y accéder est encore relativement cher, bien que le prix des équipements et des abonnements soit devenu comparable à ceux de l'audiovisuel ou du sport, et demande encore une phase d'apprentissage importante pour maîtriser les aspects techniques, pour comprendre le domaine et ses usages, et pour naviguer naturellement.

Situation en France

Peu de contenus en ligne

La France semble en retard en premier lieu par son faible taux de représentation : un indicateur en est le nombre de domaines français enregistrés sous le nom de domaines national ".fr" qui ne représente que 3% du nombre de domaines européens déclarés. On obtient un indicateur plus significatif si l'on ajoute les domaines français déclarés sous le nom de domaines ".com", et la France ne compterait alors toujours que pour 6% du nombre de domaines européens déclarés :

Répartition des domaines en Europe (données RIPE NCC et AFNIC, mars 1999)
Europe Allemagne Angleterre Danemark Pays-Bas France Italie Suisse Suède Autriche Espagne
                       
Domaines
nationaux
963 780 244 838 165 451 70 969 63 000 32 972 52 335 54 953 32 469 32 092 12 969
% en Europe 100% 25% 17% 7% 7% 3% 5% 6% 3% 3% 1%
                       
Domaines
en .com
263 184 34 379 71 398 8 019 13 978 37 403 17 721 9 908 21 155 4 182 21 173
% en Europe 100% 13% 27% 3% 5% 14% 7% 4% 8% 2% 8%
                       
Total
domaines
 1 226 964 279 217 236 849 78 988 76 978 70 375 70 056 64 861 53 624 36 274 34 142
% en Europe 100% 23% 19% 6% 6% 6% 6% 5% 4% 3% 3%

Ces indicateurs suggèrent qu'après avoir été le berceau mondial des services télématiques (avec près de 17000 serveurs vidéotex et 15 millions de terminaux minitel), la France serait aujourd'hui l'un des pays industrialisés au monde les moins producteurs d'information sur Internet.

Usages dans la recherche

Jusqu'en 1998, l'usage courant de l'Internet par la communauté de la recherche française a été sérieusement handicapé par une interconnexion limitée du réseau Renater, le réseau de l'enseignement et de la recherche, avec les autres réseaux de recherche européens d'une part, et surtout avec les réseaux nord-américains. La situation s'est considérablement améliorée en 1998 avec l'ouverture de conduits supplémentaires vers les Etats-Unis et par la mise en service du réseau européen TEN-155. Toutefois, la connectivité aujourd'hui disponible ne permet toujours pas d'envisager vraiment l'utilisation d'Internet comme banc de test d'applications expérimentales, à l'instar de celles envisagées dans le programme "Next Generation Internet" américain.

Usages dans les entreprises

De façon générale, les entreprises françaises sont encore peu présentes sur Internet.

Concernant les grandes entreprises, selon une étude menée fin 1998 par le Benchmark Group, seulement 27% des 1500 premières entreprises françaises ont un site Web en français, et 7% d'entre elles ont un site Web international. 70% font de la communication institutionnelle, 56% présentent des informations utiles à leurs clients, et 13% font du commerce électronique. Ces données sont à comparer à une étude de PricewaterhouseCoopers portant sur les 446 compagnies américaines ayant connu la plus forte croissance ces cinq dernières années : 85% d'entre elles donnent des informations détaillées sur leurs produits ou services, et 32% proposent en ligne la vente de produits ou de services. Toujours selon cette étude, 77% des entreprises américaines à forte croissance ont un site Internet, 14% en préparent un pour les 12 mois à venir, et 94% y font de la publicité (contre 6% des grandes entreprises françaises selon le Benchmark Group).

Concernant les PME, une étude de l'UFB Locabail parue en janvier 1999, portant sur les entreprises européennes de 6 à 200 salariés, conclut que seulement 13% des PME françaises possèdent un site Web, contre 41% en Angleterre. Une autre étude, réalisée par SVP en octobre 1998 auprès de 400 PME françaises de 20 à 500 salariés, conclut que 16,8% de ces entreprises disposent de leur propre site Web. Ces deux études s'accordent à dire que seulement 40% (UFB Locabail) à 47% (SVP) de ces PME sont connectées à l'Internet.

L'usage de l'Internet par les entreprises françaises n'en est donc qu'à ses débuts. Il reste à la majorité de ces entreprises à comprendre et exploiter toutes les dimensions du Web et de l'Internet vis à vis de leur activité. Il s'agit non seulement de rattraper leur retard en termes de connexion à l'Internet et de présence sur le Web, mais également d'y développer de vrais services à valeur ajoutée pour leurs clients (commerce électronique, support technique, etc.) sous peine de voir leur compétitivité s'éroder de façon spectaculaire dans les années à venir.

Usages dans les administrations

L'usage de l'Internet dans l'administration française, annoncé avec force par le Premier ministre dans son discours d'Hourtin en août 1997, est aujourd'hui bien engagé. La priorité a été donnée à la mise en ligne d'informations utiles aux particuliers et aux entreprises ainsi qu'à la mise à disposition des formulaires administratifs, accessibles à travers des portails : le site Vos Droits édite 2000 fiches d'information accessibles à travers plus de 800 mots-clés ou par recherche libre, le site du Cerfa propose les fiches signalétiques détaillées des formulaires administratifs et en propose un grand nombre en téléchargement, et l'annuaire des sites de l'administration française permet de rechercher une administration par son nom, son secteur d'activité ou par recherche libre.

En plus de l'utilité effective de ces usages pour les administrés, il faut en noter le caractère d'exemplarité, qui milite clairement en faveur de la banalisation des usages de l'Internet chez les particuliers et dans les entreprises. L'étape suivante est sans doute la prise en compte du potentiel des Intranet/Extranet dans les relations intra- et inter-administrations, et l'extension des téléprocédures dans les relations de l'administration avec ses administrés. On peut alors s'attendre à un impact maximal en matière d'organisation, de décloisonnement et de transversalité, conduisant à une meilleure efficacité des services et une meilleure relation avec les administrés.

Usages dans l'éducation

Le Ministère de l'Education Nationale, de la Recherche et de la Technologie (MENRT) mène une politique volontariste, dénommée "démarche éducative globale", en faveur de l'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication dans l'enseignement. Cette politique, annoncée le 17 novembre 1997, vise à explorer les potentialités de ces nouvelles technologies pour les activités des élèves, les échanges entre les enseignants, et le télé-enseignement.

Objectifs du MENRT pour l'an 2000 :

La mise en oeuvre de cette politique volontariste est amorcée. Citons en particulier le réseau Educnet, permettant de partager connaissances et compréhension des usages des nouvelles technologies dans l'éducation, et les serveurs des académies, hébergeant notamment les sites des établissements d'enseignement qui le souhaitent. Toutefois, le succès global de cette politique reste encore conditionné par deux facteurs :

  1. le raccordement effectif des classes à l'Internet. Le défi est ici d'amener l'Internet jusqu'aux enseignants et aux élèves, et de ne pas se limiter à un poste isolé, dont l'accès est trop souvent réservé à quelques enseignants. Cela suppose non seulement des crédits pour l'équipement initial, mais également des ressources budgétaires et horaires et des compétences pour la formation à l'utilisation, ainsi que pour l'administration et la maintenance des matériels et des logiciels ;
  2. la capacité à mobiliser élèves et enseignants à la création de contenu. Le défi est alors de former la plus large audience d'enseignants au potentiel pédagogique, aux pratiques et aux outils de création de pages Web ainsi qu'à l'utilisation des forums de discussion et des listes de diffusions.

Usages dans la culture

Le programme d'action gouvernemental pour la société de l'information (PAGSI) comporte un volet de mesures spécifiques à l'usage des nouvelles technologies de l'information et de la communication dans le domaine culturel. Le ministère de la Culture et de la Communication met en oeuvre cette politique qui s'articule autour de quatre points :

  1. Soutenir la création de contenus et de services multimédias.
  2. Numériser le patrimoine culturel français et diffuser les données culturelles sur Internet.
  3. Favoriser la maîtrise des technologies culturelles de l'information et la création multimédia.
  4. Utiliser les technologies de l'information et de la communication pour renforcer la présence internationale de la France et de la francophonie.

A l'occasion de son discours d'ouverture de la fête de l'Internet du 19 mars 1999, Catherine Trautmann donnait quelques chiffres montrant de réelles avancées dans l'usage culturel de l'Internet : par exemple le fait qu'un visiteur sur huit, au Louvre, ait au préalable préparé sa visite sur le site Internet, ou que 500 000 personnes par mois consultent en moyenne une demi-heure le site "culture.gouv.fr".

L'heure est donc maintenant à la généralisation de la diffusion par Internet de la richesse du patrimoine culturel français : citons à titre d'exemple que le site Internet du Louvre permet de consulter 600 photos d'oeuvres majeures, alors que la totalité des dessins et estampes du musée du Louvre, soit plus de 65 000 photos et 130 000 textes, sont disponibles, à titre onéreux, en consultation dans le CyberLouvre (l'espace multimédia du musée).

Usages dans le grand public

Le grand public français est encore en attente du développement massif des usages cités ci-dessus pour banaliser l'utilisation de l'Internet comme il a banalisé l'utilisation du minitel. Il est clair que l'existence de nombreux services sur le minitel a rendu le consommateur français particulièrement exigeant en termes de coût et de facilité d'utilisation des équipements, de disponibilité et d'originalité des contenus, de sécurité et de confidentialité des transactions, etc.

Selon l'AFTEL, les internautes français seraient, début 1999, près de 4 millions. Différentes études effectuées au printemps 1998 par les cabinets IDC et Médiangles faisaient alors état de plus de 2,5 millions d'Internautes français. A titre de comparaison, l'Allemagne compterait en mars 1999 près de 8,5 millions d'Internautes selon le cabinet GFK, et l'Angleterre aurait dépassé les 10 millions d'Internautes en décembre 1998 selon le NOP Research Group.

L'étude IDC de janvier 1999 sur l'Europe de l'Ouest confirme ces ordres de grandeur :

Source : IDC, janvier 1999
Pays Internautes (en millions)
Allemagne 10,29
Royaume-Uni 8,92
France 4,04
Italie 3,09
Suède 2,52
Pays-Bas 2,48
Espagne 2,00
Finlande 1,59
Danemark 1,13
Suisse 1,05
Norvège 1,03
Autriche 0,90
Belgique 0,82
Portugal 0,46
Irlande 0,31
Grèce 0,27
Total Europe de l'Ouest 40,90

A titre de comparaison avec les Etats-Unis, Intelliquest rapportait fin avril 1999 plus de 83 millions d'adultes (de 16 ans et plus) utilisateurs réguliers d'Internet, et 41 millions supplémentaires envisageant de le devenir, dont 17 millions dans les 12 prochains mois.

Recommandations

Des usages nombreux et variés sont des clés essentielles du développement de l'Internet en France. Favoriser par tous les moyens le développement d'applications et de contenus sur l'Internet va permettre d'ouvrir le champ à ces usages, correspondant à des modèles socioculturels variés et adaptés à tous les types d'utilisateurs français. Les recommandations générales sont de :

Favoriser le développement

  • des applications auteurs (logiciels de conception et de gestion de sites, ...)
  • des applications de la convergence (logiciels de téléphonie et vidéo sur IP, ...)

Développer les formations d'enseignement supérieur

  • aux technologies logicielles et matérielles de l'Internet
  • à l'administration des réseaux et des sites
  • à la création et à l'utilisation des services

Ces recommandations doivent être déclinées pour tous les types d'usages : recherche, entreprises, administrations, éducation, culture et grand public. Les actions associées qui peuvent être assumées par les pouvoirs publics différeront donc en conséquence. On peut en suggérer quelques exemples, sans s'y limiter :

Recherche

En premier lieu, la communauté de la recherche française doit s'approprier l'outil efficace que constitue l'Internet pour communiquer et partager l'information afin de :

  • diffuser l'information scientifique et rendre accessibles les résultats sous forme électronique (rapports de recherche, actes des colloques et conférences, thèses, bases de données, revues...) ;
  • mettre en place des communautés d'intérêts thématiques parmi les chercheurs (courrier électronique, forum de discussion, archives de documents, sites de référence et portails dédiés...) ;
  • favoriser l'exploitation des fonds documentaires par l'Internet (mise en ligne des index et thesaurus, moteurs de recherche thématiques, numérisation des documents, applications d'annotation...) ;
  • favoriser la constitution d'équipes pluri-disciplinaires et multi-sites (grâce aux outils de travail coopératif, au télétravail, aux annuaires...).

Cette généralisation de l'usage d'Internet doit s'appliquer non seulement aux domaines de l'informatique et des télécommunications mais à l'ensemble des activités de recherche (physique, mathématiques, biologie, médecine, écologie, sciences humaines...). Au delà de la communauté française, le caractère international de l'Internet doit permettre de fédérer et renforcer l'ensemble de la recherche des pays francophones.

D'autre part, le développement des applications auteurs est certainement un rôle que la recherche en informatique française, au premier niveau mondial dans le domaine de la conception logicielle, pourrait assumer avec talent. L'incitation peut revêtir différentes formes : allocations de recherche spécifiques, concours, incitation à la création d'entreprises, vulgarisation des principes de développement de logiciels libres, ...

Entreprises

Former les formateurs à l'usage et à la création des sites Internet des entreprises pourrait être assuré au niveau des structures publiques et para-publiques, nationales et régionales, en rapport avec les entreprises et en particulier avec les PME : mairies, chambres de commerce, Conseils Régionaux, APCE, etc.

Administrations

Le développement des bonnes pratiques de création, d'usage et d'administration des sites Internet, Intranet et Extranet pourrait être une priorité dans l'administration française. Par le caractère d'exemplarité et du fait de la vaste audience adressée par l'administration, cette mesure pourrait avoir un impact maximal sur l'ensemble des catégories socio-professionnelles françaises.

Education

C'est sans doute dans l'éducation que l'effet de levier peut être maximal, avec des retours à long, moyen et court termes du fait d'effets cumulés sur les enfants, les adolescents, les parents, et les enseignants. Citons en particulier :

La formation des formateurs, en particulier les enseignants, à la création et à l'utilisation des sites Internet et intranet, pourrait être une priorité majeure. Pour cela, les formations devraient adresser tous les étages de la chaîne de l'enseignement, y compris et en priorité les inspections académiques, les IUFM, les médiapôles, etc., chaque étage ayant pour mission de démultiplier au maximum son action de formation pour finalement atteindre chaque enseignant. Inversement, favoriser l'équipement et les initiatives individuelles de chaque enseignant en faveur de sa propre formation permettrait d'atteindre le but plus rapidement.

Les écoles et les universités pourraient être des acteurs exemplaires dans le développement des sites francophones et multilingues. Des travaux tels que exposés, devoirs et autres comptes rendus d'études pourraient être menés, délivrés et évalués sous forme électronique.

Culture

La capacité des organismes culturels à développer des sites francophones et multilingues vulgarisant et pérennisant le patrimoine français sur l'Internet est déterminante. C'est à ce prix que la culture française, et plus largement les valeurs françaises, garderont la place importante qu'elles ont toujours su occuper au niveau mondial.

Grand Public

Des centres de ressources locaux favorisant la formation et le développement de contenus pourraient être généralisés dans les structures administratives locales, en particulier dans les mairies.

 

 

Références

Applications et Contenus

Références de l'étude Future of the Internet du cabinet Datamonitor
http://www.datamonitor.com/dmhtml/tc/tcwww.htm
L'étude des domaines Internet par Network Wizards, janvier 1999
http://www.nw.com/zone/WWW/
Historique des débuts du Web
http://www.w3.org/History.html
National Center for Supercomputing Applications (NCSA)
http://www.ncsa.uiuc.edu
Netscape Communications Corp.
http://www.netscape.com
Guide des services minitel
http://www.minitel.tm.fr
Association Française pour le Nommage Internet en Coopération (AFNIC)
http://www.nic.fr
RIPE NCC (Centre de coordination des réseaux IP européens)
http://www.ripe.net
Le cabinet Frost & Sullivan
http://www.frost.com
Le rapport de Jean-Claude Merlin sur la téléphonie sur IP
http://www.telecom.gouv.fr/francais/activ/techno/rap_merlin1098_7.htm

Usages dans la recherche

Le REseau NAtional de télécommunications pour la Technologie, l'Enseignement et la Recherche, Renater
http://www.renater.fr/Reseau/Reseau-RENATER.html
Le réseau européen de la Recherche TEN-155
http://www.dante.net/ten-155/
Le programme "Next Generation Internet" américain
http://www.ngi.gov
Les applications expérimentales envisagées dans le programme "Next Generation Internet" américain
http://www.ngi.gov/apps/

Usages dans les entreprises

Le rapport de Francis Lorentz de janvier 1998 sur le Commerce Electronique
http://www.finances.gouv.fr/commerce_electronique/lorentz/sommaire.htm
Le rapport de Francis Lorentz de février 1999 sur le Commerce Electronique
http://www.finances.gouv.fr/lorentz/travaux/
Le cabinet d'études Benchmark Group
http://www.benchmark.fr/
La société de conseil PricewaterhouseCoopers
http://www.pwcglobal.com/
L'organisme UFB Locabail
http://www.ufb-locabail.fr/
La société de conseil SVP
http://www.svp.fr

Usages dans l'administration

Le discours d'Hourtin du Premier ministre en août 1997
http://www.premier-ministre.gouv.fr//PM/D250897.HTM
Le site Vos Droits de l'Administration française
http://vosdroits.admifrance.gouv.fr/
Le site du Cerfa
http://www.cerfa.gouv.fr/
L'annuaire des sites de l'administration française
http://www.admifrance.gouv.fr/cgi-bin/multitel/admifrance/sommaire

Usages dans l'éducation

Le Ministère de l'Education Nationale, de la Recherche et de la Technologie (MENRT)
http://www.education.gouv.fr/
La politique gouvernementale concernant les nouvelles technologies dans l'enseignement
http://www.education.gouv.fr/actu/techno.htm
http://www.education.gouv.fr/actu/techno2.htm
Le réseau Educnet
http://www.educnet.education.fr
Les serveurs des académies
http://www.educnet.education.fr/us/res/bserveur.htm

Usages dans la culture

Le ministère de la Culture et de la Communication
http://www.culture.gouv.fr/
Les mesures gouvernementales concernant l'usage des nouvelles technologies dans la culture
http://www.culture.fr/culture/actual/communiq/plangouv.htm
Le discours de Catherine Trautmann à l'ouverture de la fête de l'Internet le 19 mars 1999
http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/conferen/inauguration-interfete99.htm
Le musée du Louvre
http://www.culture.fr/louvre/

Usages dans le grand public

L'Association Française de la Télématique Multimédia (AFTEL)
http://www.aftel.fr
Le cabinet d'études IDC
http://www.idcresearch.com
Le cabinet d'études Médiangles
http://www.mediangles.fr
Le cabinet d'études GFK
http://www.gfk.cube.net
Le cabinet d'études NOP Research Group
http://www.nop.co.uk
L'étude américaine du cabinet Intelliquest d'avril 1999
http://www.intelliquest.com/press/release78.asp

 

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